dimanche 21 septembre 2008

Les étudiants s’ennuient peu

par Inoussa GUININ ASSO

L’activité principale des étudiants logés en résidence universitaire pendant ces vacances, est le sexe. Les agents d’entretien ayant en charge la gestion des poubelles ont avoué avoir remarqué la multiplication des préservatifs ces dernières semaines. En réalité la majorité des étudiants ont déserté le campus depuis la fin du premier semestre. Cependant du côté des nouvelles résidences la vie estudiantine ne pas connu d’arrêt. Il est certains qu’en dehors de l’Ecole Nationale Administration et de Magistrature, toutes les autres entités de l’université ont arrêté les cours, bref toute l’université est en vacance, le bon moment pour récupérer et pour s’adonner à toute forme de distraction.

Serges A., bientôt le quart de siècle, étudiant en année de Licence en Histoire. Son nom figure sur la liste des étudiants recasés après la fermeture officielle des cabines. Serges est à sa deuxième expérience dans cette opération. Interrogé il n’a pas hésité à confié que les activités sexuelles ont connu une hausse cette année.

L’ambiance estudiantine en soirée

La pénombre commence par laisser peu à peu place aux belles lumières des bâtiments dénommés BID (Banque Islamique de Développement). C’est le début d’une soirée qui ne manquera pas d’être longue. Ça passe et ça repasse. Pour les uns c’est l’heure de penser à la subsistance. Pour les autres les attentions sont aux rendez-vous amoureux. Des couples défilent très lentement sans prêter regard à leur entourage. L’une des deux mains prend par la taille du conjoint. L’autre balance très lentement en avant, ensuite en arrière. Pour le moment, les randonnés amoureuses n’ont qu’un seul sens. De partout ailleurs vers les cabines ou encore d’une cabine à une autre.

« Kô Kô Kô ! Un instant mon gars. Dis, peut tu me trouver un ‘préso’, j’ai ma go qui est là et je suis en panne » c’est ce qu’un étudiant dit le plus souvent à un autre comme lui. Et pour çà sil n’a pas besoin d’entrer dans sa cabine. A la porte tout se règle. Tous souriants ils se tendent les mains en se fixant dans les yeux. En ce moment, un petit objet quitte la main du locataire de la cabine pour celle du visiteur. A peine qu’il lance un merci à son ami, il se presse pour rejoindre sa chambre qui n’est pas vide. La porte se referme à peine et le dernier double-bruit est celui de la serrure qui boque la porte. Dans les couloirs du bâtiment, il en a qui sont malgré tout fréquemment habitués à ces genres de scènes, qu’ils n’y voient plus rien en réalité. Ouvrage ou cahier entre les deux mains, le regard est plongé dans la lecture. Ici, on les appelle les « saints » ou encore « docteurs », un peu comme pour désigner des intellectuels sans aucun intérêt pour le sexe. Ils ne sont pas nombreux et sont tout le temps en train de se plaindre. Il parait qu’ils jurent souvent vivres dès la prochaine année au village universitaire, la ‘banlieue’ du campus. D’après les témoignages c’est plutôt le comble de l’autre côté. Là-bas on se comporte comme de jeunes mariés et les scènes, à défaut d’être différentes de celles du campus, sont pratiquement le mêmes à la seul différence qu’ici le peu de luminosité favorise davantage les choses.

Autres distractions

Il y en a qui préfèrent carrément s’éloigner. Les uns vont à Cotonou ou au cœur de la ville d’Abomey Calavi, les autres circulent autour du campus et d’autres encore préfèrent regarder passer les engins à deux roux et les voitures à l’entrée principale du campus. Le plus souvent on ne manque pas de partenaire de causerie. Au retour un arrêt sur les bancs publics du jardin universitaire permet de ne plus être trop éloigné de l’heure du sommeil. A côté du jardin universitaire une foule est très proche d’une table autour de laquelle quatre personnes sont assises, des cartes en mains. Pendant que des équipes attendent leurs tours de jeu, l’ennuie ne trouve point place dans les débats de tout genre. Des débats aussi houleux et bruyants qui laissent penser parfois à des querelles. Et pourtant, c’est la distraction

Qu’ils soient au village universitaire, en cabine, au jardin universitaire ou encore au grand portail, pleins d’étudiants n’oublient pas l’imminence des secondes sessions, l’évidence de la rentrée académique ou aussi les carêmes qui ont débutés chez les musulmans.