samedi 26 juin 2010

Pratiques frauduleuses en milieux scolaire et universitaire: Dans les couloirs de la tricherie

Les écoliers, élèves et étudiants ont cette manie-là de tricher dès que l’opportunité y est offerte pour réussir, réussir facilement. C’est pratique qui n’est d’ailleurs pas élogieux mérite d’être punie pour que les expert en la matière en tire leçon.

Giscard AMOUSSOU

Comme un acte mensonger, la tricherie est l’action de dissimuler habilement un défaut ou une insuffisance. Il s’agit par ailleurs d’une violation des règles selon le dictionnaire électronique « Encarta 2010». C’est aussi la malhonnêteté d’ordre moral ou intellectuel. Cet acte est aussi récurant dans la société que dans l’éducation. En milieu scolaire, la tricherie prend beaucoup de formes tant dans le primaire, le secondaire que dans l’enseignement supérieur. Selon le directeur du Collège d’enseignement général de Godomey, Pierre Lisboa, la tricherie en milieu scolaire, est le fait pour un apprenant de ne pas chercher à travailler pour réussir lui-même, un travail qui repose sur une organisation et la prise de conscience.
La tricherie sur toutes ses formes
La tricherie en milieu scolaire s’aperçoit sous différentes formes. Elle est presque identique dans les enseignements primaires et secondaires. Quant au supérieur, elle prend une autre tournure plus périlleuse qui non seulement ternit l’image personnelle de ceux impliqués mais aussi constitue un handicap pour une formation de qualité. Selon Pierre Lisboa la tricherie se manifeste par la détention d’un document compromettant au cours de l’évaluation des connaissances. « Avoir sur soi des documents sur le cours, le sujet, documents tiré du cours ou de l’ouvrage pour exploitation. Documents qui ont traits au sujet partiellement ou non. Cela dépend de l’adresse de l’élève ». Il arrive des fois que l’élève cherche à recopier ses voisins immédiats. Cette dernière forme est beaucoup plus récurrente dans le primaire. On aperçoit que la tricherie évolue de jour en jour dans le système scolaire et universitaire. Ce qui illustre aisément la baisse de niveau et de qualité des élèves. Pour le directeur du Ceg Godomey, la tricherie tend à se développer sous plusieurs formes compte tenu du manque d’effort dont fait preuve les élèves dans les formations scolaires. « De nos jours, la tricherie se fait par des moyens technologiques (portables). Il faut dire que la tricherie tend à se développer compte tenu de la facilité des jeunes à vouloir réussir par tous les moyens sans efforts », a-t-il fait comprendre.
La tricherie sur le campus
Il existe plusieurs formes de tricherie dans l’enseignement supérieur. La tricherie sur le campus repose sur plusieurs causes.
La tricherie provoquée : Elle se manifeste par l’aide des surveillants contre une récompense surtout chez les filles. Les surveillants, compte tenu de leurs exigences, demandent aux jeunes filles qui n’arrivent pas à s’en sortir lors des compositions, une récompense afin de les aider. Ainsi, ils arrivent à récupérer la feuille de brouillon chez celui qui semble mieux se défendre pour la remettre à la fille, qui sans grand effort recopie simplement le travail produit par son camarade. D’un autre côté, les surveillants demandent de l’argent surtout dans le cas des fonctionnaires qui n’ont pas le temps de venir suivre les cours et n’arrivent pas à s’en sortir lors des compositions pour leur fournir des brouillons ou des corrigés.
La défense en ligne : Il s’agit d’une forme de tricherie plus récursive au cours des compositions sur le campus. Ainsi les étudiants forment un groupe soudé. Ils essayent de diviser les cours et chacun essaie d’apprendre sa partie. Ils s’asseyent donc lors des compositions, l’un derrière l’autre. Au moment des compositions celui ou ceux qui ont appris la partie qui est sortie alimente les autour du groupe. Ils jouent ici un rôle de complémentarité soit avec l’aide des surveillants ou non. Ce cas est observé dans les facultés. Par ailleurs, dans les écoles, les étudiants forment un groupe. Ils envoient alors une fille très présentable vers le professeur qui a programmé son devoir pour le séduire afin d’avoir l’épreuve et la traiter à l’avance soit chez cette dernière, soit dans un lieu bien défini et en secret. Pour cette forme de tricherie, certains professeurs arrivent à résister farouchement quant à la séduction de l’étudiante, d’autres par contre tombent facilement sous le charme de cette dernière.
Le pétrolier et le pétrole : Dans les facultés, à la veille des sessions, la guerre des épreuves est animée par un système pétrole-pétrolier. Ici le pétrole représente l’épreuve et le pétrolier celui qui détient l’épreuve. Le pétrolier peut être soit le secrétaire particulier, l’assistant du secrétaire particulier, l’assistant des professeurs ou même un étudiant. Les étudiants forment alors un groupe ayant à leur tête un représentant qui se lance dans la quête en passant de cabine en cabine pour demander à ses camarades d’amphi s’il y a de pétrole. Une fois en possession, contre une somme allant de 60.000 à 75.000 francs, ils se regroupent pour traiter l’épreuve avant d’aller composer.
Inconvénients
Tous les pétroles réunis sont parfois mélanger à de fausses informations car il existe souvent des escrocs dans le rang des pétroliers. Ce qui fait que les étudiants une fois préparés à cette fin échouent.
Une pratique à bannir
La tricherie constitue un frein pour la qualité des élèves formés. Pour Pierre Lisboa, « cela ne confère pas une valeur à ceux qui la pratiquent. Bien qu’ayant le diplôme, ils constituent des agents médiocres dans l’exécution des tâches. Il constitue un danger pour la société. La tricherie est un système à combattre dans les collèges et lycées et même dans les universités». Il apparait donc que la tricherie rend ceux qui s’y adonnent incompétents dans l’exécution des tâches afférentes à leurs formations. C’est donc une pratique qui nécessite d’être éjectée des habitudes des apprenants. Pour y arriver, il va falloir une formation de qualité associée la prise de conscience de la maison jusqu’aux centre de formation. Pierre Lisboa estime que plusieurs acteurs doivent intervenir dans la lutte. D’abord, « les parents doivent chercher à donner l’éducation digne aux enfants en leur enseignant la morale que doit incarner un homme, en faisant l’effort de mettre à la disposition de ceux-ci, l’essentiel pour leurs études, suivre leur travail, les amener à étudier, limiter les temps perdus, donner des conseils, être en relation avec l’école. Ensuite, l’intervention des enseignants à travers leur rôle d’éducateur constitue un véritable atout pour la lutte contre cette pratique. Puis les autres acteurs de la société (tierce Personne, autorités et responsables à divers niveaux) à travers le modèle à incarner ». Il pense que les médias ont un rôle à jouer dans la qualité des émissions surtout audio-visuelles visant l’éducation des enfants.
Rôle des apprenants
Chercher à travailler par eux-mêmes car la tricherie n’est pas une bonne chose, suivre régulièrement et avec attention les cours, s’organiser efficacement, se forcer à travailler à la maison, éviter les pertes de temps à travers des sorties illicites et nuisibles, éviter les mauvaises compagnies et surtout les émissions télévisuelles qui n’apportent rien à la formation et à l’éducation, organiser rationnellement le temps de travail et se donner le repos, sont autant de choses qui permettront de recevoir une formation de qualité et d’éviter la tricherie. Ainsi, « ce serait mieux que de se lancer dans l’aventure ambiguë de la tricherie », dira le directeur.