mardi 7 novembre 2006

Le gouvernement prend une décision salutaire


Quelle lecture peut-on faire de la récente décision du gouvernement quant à la mise en œuvre des Nouveaux Programmes d’Etudes ? Les positions varient selon que l’on soit pour ou contre leurs maintiens. Mais une analyse neutre et responsable de la décision permet de se rendre compte que seule l’école béninoise est sortie gagnante de ce débat.

Gérard GUEDEGBE

Les Nouveaux Programmes d’Etudes seront provisoirement maintenus au démarrage de l’année scolaire 2006 – 2007 et un forum national sera organisé au début de l’année 2007 pour réfléchir sur les problèmes que soulève leurs mises en œuvre afin de prendre des décisions conséquentes à propos de leurs maintiens ou non. Voilà la décision que vient de prendre le gouvernement face aux controverses qui entourent l’implémentation des Nouveaux Programmes d’Etudes depuis quelques années et qui se sont accentuées depuis l’avènement du gouvernement du Docteur Boni YAYI. Cette décision fait suite aux travaux du comité technique mis en place par le Chef de l’Etat, quelques semaines plutôt, et qui avait pour mission de mener des réflexions et faire des recommandations à l’autorité suprême.

Il est clair que pour les partisans comme pour les adversaires des nouveaux programmes, la décision de l’exécutif n’est sûrement pas la bienvenue puisque les premiers auraient souhaité son maintien définitif alors que les derniers pencheraient beaucoup plus pour une décision du genre : « on fait une croix sur ces programmes d’études à partir de la rentrée scolaire prochaine ». Mais devant ces deux extrémités, le gouvernement doit se mettre au dessus de la mêlée et prendre une décision responsable qui tient surtout compte de l’avenir des enfants de ce pays. C’est ce qui vient d’être fait à la lecture de la décision du gouvernement devant la position des deux camps adverses.

Si nous nous mettons dans l’hypothèse que l’on supprime catégoriquement les programmes actuellement en cours. Il s’ensuivra un chaos pédagogique sans précédent puisque l’on ne pourrait prendre une décision efficace sur le type de programme d’étude à mettre en œuvre à partir du 02 octobre prochain. Même si l’on revient aux anciens programmes comme l’exige un certain courant, la question restera entière puisque la plupart des enseignants qui exercent actuellement sont de la génération ‘nouveaux programmes’. Ils n’ont reçus que des formations sur lesdits programmes. Ils ne pourront donc pas se mettre au pas pour prendre les élèves en charge à partir du lundi prochain. La tâche ne serait non plus aisée pour les enseignants qui avaient été moulés dans les Programmes Intermédiaires car, ils auraient déjà perdu les réflexes autrefois acquis avec les PI ; les nouveaux programmes étant passés par là pendant plus d’une décennie. L’habitude devenant indubitablement une seconde nature avec le temps, ces enseignants auront nécessairement besoin d’un recyclage pointu.

Pour ce qui concerne les élèves qui ont, depuis leur naissance, été qu’au contact des réalités des Nouveaux programmes d’études, rien ne peut présager de leur intégration sans difficulté dans les anciens ‘nouveaux’ programmes. Donc ils ont également besoin à leur niveau d’une prédisposition psychopédagogique pour réagir efficacement face au nouveau curriculum.

Sous un autre angle, il est tout aussi évident que si le gouvernement donne son quitus pour continuer la mise en œuvre des NPE en l’état, des problèmes pertinents pourraient rester sans solutions. Rien que la question de l’incapacité des enfants à lire correctement constitue une vérité qui crève les yeux. Mais il va falloir faire face à toutes ces interrogations avec diligence et esprit de suite. C’est pourquoi les participants au forum qui devra se pencher sur les Nouveaux Programmes d’Etudes au début de l’année 2007 doivent prendre leur responsabilité devant l’histoire en prenant des décisions salutaires qui puissent réellement garantir l’avenir des enfants béninois dans un monde en pleine mutation.

Le gouvernement en repoussant, de quelques mois, les débats sur les nouveaux programmes voudrait sûrement mieux sauter, mais encore faudrait –il que l’exécutif s’assure que son élan est assez suffisant pour faire un saut réussi.

lundi 6 novembre 2006

Le renforcement des TIC dans l’éducation béninoise s’impose

Depuis quelques années, le système éducatif béninois a commencé par vivre une expérience fort enrichissante dans le développement des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) dans la gestion des affaires académiques. C’est l’œuvre d’un jeune promoteur d’écoles qui a initié un projet à caractère social qui tient sa spécificité de l’introduction active des technologies de l’information et de la communication les programmes scolaires dispensés aux enfants issus des couches très favorisées de la société béninoise. Dans les écoles du Projet CERCO, l’utilisation de l’outil informatique et l’Internet ne sont plus le luxe d’une classe de personne ni un mythe dont les codes de décryptage sont la propriété exclusive des ‘Experts des TIC’. Ces technologies nouvelles sont présentes dans leurs vies académiques de tous les jours ; tant les cours dispensés à l’endroit des élèves font une articulation parfaite et obligatoire avec les TIC. Mieux, le jeune promoteur qui s’est imposé comme un pionnier dans l’utilisation des TIC dans le secteur de l’éducation au Bénin a encore eu l’idée extraordinaire des classes numériques pour rendre plus efficaces le déroulement et le suivi des affaires académiques par les acteurs du système qu’ils soient parents, enseignants, élèves, autorités. Parlant de clases numériques, il s’agit des espaces crées sur un site web et qui permet une rencontre virtuelle entre les élèves et les enseignants en dehors des contacts physiques des heures traditionnelles de cours, pour perfectionner les connaissances acquises notamment à travers des séances d’exercice en ligne. Mieux, grâce à un mécanisme de messagerie par SMS, les parents peuvent contrôler l’évolution académique de leurs enfants depuis la maison.
Mais ces innovations qui ont révolutionné les activités académiques ne sont que l’œuvre d ‘un promoteur d’établissement privé qui a perçu l’importance des TIC dans l’éducation et le développement. Pour les élèves fréquentant les établissements publics et qui constituent d’ailleurs la plus grande majorité, l’introduction des TIC demeure encore un grand luxe. En effet au Bénin, l’enseignement de l’informatique à l’école n’est pas une réalité commune à tous les élèves et étudiants. Aux niveaux primaire et secondaire, le curriculum ne dispose pas de matière intitulée : " L’informatique " par exemple. Même, le privé qui pense se distinguer du public par l’introduction de l’informatique dans le programme scolaire n’arrive pas à en assurer la durabilité. Les élèves reçoivent, le plus souvent, de notions théoriques auréolées par des séances brèves et irrégulières d’apprentissage à l’utilisation des logiciels élémentaires comme WORD et EXCEL dans le meilleur des cas. Dans ces établissements privés, l’Informatique est beaucoup plus utilisée pour vendre l’image qu’elle ne constitue un véritable désir de former des élèves à la pointe de la connaissance des Technologies de l’Information et de la Communication.
La conséquence immédiate de ce recul technologique dans le système éducatif est que des milliers d’étudiants finissent leur cursus académique sans une maîtrise élémentaire des TIC. Et devant l’exigence du marché de l’emploi où la connaissance de l’Informatique est devenue presque une obligation ; des cadres sortis des universités et écoles de formation professionnelle repartent à ‘l’école de l’Informatique’.
Par Gérard GUEDEGBE, Journaliste (BENIN)